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Travailleur indépendant : le sommeil, bien dormir pour être en bonne santé !

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Nous avons rencontré Damien Seguin, skipper du Bateau du Groupe APICIL, premier skipper handisportif à boucler un tour du monde à la voile lors du Vendée Globe 2020. Dans ce deuxième épisode, il nous donne ses conseils en matière de sommeil.

Les conseils de Damien Seguin : le sommeil, bien dormir pour être en bonne santé.

Damien, on sait que les navigateurs sont adeptes de la micro-sieste, mais peux-tu nous en dire plus ?

Damien Seguin

  La façon dont on dort sur un bateau en pleine course n’a effectivement rien à voir avec la vie de tous les jours.

Dans une course en solitaire, nous avons ce qu’on appelle un sommeil polyphasique, un sommeil fragmenté en plusieurs phases de 10 à 40 minutes maximum. Il s’agit en fait de multiples siestes qui vont se compter au nombre de 3 à 6 par tranche de 24 heures. Pour nous, le problème est de récupérer tant au niveau physique que psychique avec ces laps de temps relativement courts par rapport à nos cycles de sommeil sur terre. Cela étant, il y a aussi un temps d’adaptation. Si je considère ma dernière Route du Rhum, j’étais meilleur sur la deuxième moitié car j’avais commencé à prendre un « rythme ». Je tiens des rythmes de sommeil plus courts mais plus intenses. Les premiers jours sont généralement compliqués pour moi. Je ne fonctionne pas beaucoup en micro-sieste. Je dors généralement 30 à 40 minutes.

C’est ensuite que j’arrive à mettre en place cette routine.

Cependant, est-ce qu’il y a des choses qui peuvent être appliquées à la vie de tous les jours ?

  Oui, sur le sommeil en général et sur les siestes en particulier, nous avons différentes phases qui sont liées à notre horloge interne.

On sait ainsi qu’entre 11h et 12h, la sieste n’aura pas grand intérêt pour nous permettre de récupérer. C’est également le cas à terre d’ailleurs, où ce créneau n’est pas propice à un vrai sommeil. Il vaut mieux lui préférer celui de 13h-14h par exemple.

Faire la sieste n’est pas encore très répandu dans le monde de l’entreprise mais on peut imaginer se servir du sommeil « par tranches » pour l’adapter et l’appliquer dans le domaine du travail, je pense à l’industrie où certaines tâches exigent une vigilance extrême, malgré un environnement quelquefois difficile.

Et vous dormez où sur un bateau de course ?

  Sur un Imoca, c’est très spartiate, il n’est pas question de dormir sur un matelas douillet, enroulé dans sa couette, dans une chambre calme et noire. Notre quotidien, c’est tout le contraire de ce qu’on recommande à terre à une exception près, ne pas dormir dans une pièce surchauffée. Là, sur un bateau, il n’y a pas de risque… Pour nous, il faut composer avec les bruits du bateau et la luminosité extérieure. Après, tout le monde ne dort pas dans les mêmes conditions, certains dorment dans un hamac, d’autres assis, ou bien utilisent un gros sac rempli de de billes de polystyrène, qu’ils déplacent dans leur bateau en fonction du lieu où ils souhaitent dormir. C’est mon cas. Cela étant, le but est de chercher la position qui nous est la plus confortable ou la plus pratique pour s’endormir. Nous ne sommes pas égaux face au sommeil, on le sait, une bonne part est génétique, trouver la bonne manière de dormir est au fond assez personnel. Il faut donc déjà bien se connaître.

damien seguin

Justement, pourquoi est-ce important de bien dormir ?

  Pour nous, on parle de performance sportive et le risque c’est l’accident, voire des hallucinations. En temps normal, un adulte a besoin de 7 à 9 heures de sommeil avec une alternance de phases de sommeil lent, dont le sommeil lent profond, qui permet de récupérer physiquement, et de phases de sommeil paradoxal. C’est pendant ces phases que l’on rêve et c’est indispensable à notre équilibre psychique. En fait, les dysfonctionnements liés au manque de sommeil arrivent très rapidement, 24 heures suffisent ! Et sur le plus long terme, c’est vraiment la santé qui est en jeux : risque d’AVC, obésité, diabète, etc…

Pour éviter tous ces problèmes, les conseils à suivre sont simples, se coucher à heure régulière, dans une chambre au calme, sombre et bien aérée. Pas trop chauffée non plus et surtout, le dernier conseil, pas trop d’écrans qui stimulent notre cerveau !